Annoncé en début d’année comme le nouvel espoir du sport auto français, Sébastien Bourdais, pilote de Formule 1 dans l’écurie Toro Rosso, a effectué une entrée non sans difficultés dans la discipline reine de la course automobile. Après trois saisons de F3000 (l’antichambre de la Formule 1) entre 2000 et 2003 où il a décroché le titre mondial à une reprise en 2002, aucune écurie de F1 n’a souhaité faire confiance au talent prometteur de ce jeune loup originaire du Mans. Déterminé et audacieux, le frenchie ne s'est pas pour autant résigné et a décidé de sauter le pas pour tenter le rêve américain. Un choix qui s’est avéré être plus que judicieux car en cinq années de compétition, il est devenu quadruple vainqueur du championnat nord-américain de Champ Car, Bourdais était alors promis à un bel avenir pour son retour sur le continent européen.

L'impossible rêve européen ?

Auréolé de ses succès transatlantiques, le rêve de gosse de Bourdais n’avait pourtant pas bougé d’un iota, il voulait devenir pilote de Formule 1 et rien d’autre. Largement soutenu par son manager, Nicolas Todt (fils de l’ancien directeur général de l’écurie Ferrai), Bourdais est finalement parvenu à décrocher un volant pour la saison 2008 grâce à des essais concluants qu’il a réalisé pour la petite équipe Toro Rosso. Conscient du fait qu’il n’avait pas décroché un ticket pour la gloire rapide, Bourdais était néanmoins sur qu’il s’était accroché au bon wagon. Même avec une voiture moyennement performante, il arrive qu’un jeune pilote débutant puisse se faire remarquer par le dirigeant d'une grande équipe. Le cas de Michael Schumacher qui s’est fait débaucher par Flavio Briatore au terme d’une course en 1991, en est l’exemple le plus éclatant.

Cinq mois après le lancement de la saison 2008 de Formule 1, l’éclosion de son talent se fait cependant toujours attendre. Au terme de 12 des 18 courses de du championnat, le coureur manceau a récolté une bien maigre moisson : 2 points inscrits lors de la première course, ce qui le place à la 18ème place du classement provisoire. Alors certes, il n’est pas facile d’entrer dans la cour des grands avec une des monoplaces les plus modestes du plateau, mais depuis le début de la saison, le jeune français n’a jamais semblé être en mesure de réaliser un coup d’éclat ni même de se battre pour les places d’honneur sur le sec comme sur la pluie. Abonné aux dernières places sur les grilles de départ, Bourdais a également trop souvent été trahi par sa mécanique aussi bien en situation de course que durant les essais qualificatifs.

Vers le syndrome Zanardi ?

Ce constat montre bien qu’il n’y pas d’effet miroir entre le Champ Car et la Formule 1. En effet, bien qu’elles puissent paraître similaires, il s’agit de deux disciplines très différentes et ce n’est pas parce qu’on a décroché le Graal aux Etats-Unis, que le succès sera nécessairement au rendez-vous en Europe. A titre de comparaison, on peut prendre l’exemple du pilote italien Alessandro Zanardi qui avant de remporter à deux reprises le championnat de Champ Car en 1997 et 1998, avait réalisé un bref en F1 pour ensuite y revenir après l’expérience américaine le temps d’une saison. Autant il n’était pas doté d’une bonne Formule 1 avant son passage en Champ Car, autant il disposait d’une des meilleures monoplaces à son retour des Etats-Unis, ce qui ne l’a pas empêché de connaître une longue descente aux enfers tout au long de la saison 1999. Sébastien Bourdais serait-il alors peut-être victime du syndrome Zanardi ? Il y’a de grandes chances. En tout état de cause, il reste 6 courses au jeune français pour faire taire les rumeurs, sauver la mise et peut-être sa carrière en Formule 1. Néanmoins lorsqu’on pilote pour une écurie dont le principal sponsor n’est autre que Red Bull et dont le slogan est GIVES YOU WINGS, espérons que Sébastien se sentira encore poussé des ailes d’ici la fin de la saison, le défi est lancé.

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