Grand Prix de Monte-Carlo 2006, 27 mai, 13 :59, Schumacher détient la pole position à moins d’une minute de la fin de la séance de qualifications, dans son dernier tour chronométré, sa monoplace rouge s’immobilise dans la dernière épingle de l’étroit circuit urbain monégasque et gêne tous les pilotes (dont Alonso, son grand rival) qui tentaient une ultime fois d'améliorer leur temps. Schumacher plaide un problème de direction et une erreur de pilotage mais la manoeuvre du pilote allemand crée la polémique sur le Rocher l’après-midi durant avant que les commissaires de piste ne décident de déclasser le Baron rouge et le relèguent en fin fond de grille pour avoir « délibérément arrêté sa voiture sur la piste (...) alors qu'il détenait le meilleur temps ». Parti des stands le couteau entre les dents, Michael Schumacher remonte un à un ses adversaires pour finalement terminer à une honorable 5ème position dans les rues de la Principauté, peu propices aux dépassements. Alonso, grand vainqueur du jour et champion du monde en titre, en profite pour creuser largement l’avance au championnat du monde et continue de balayer ce championnat 2006 de plein fouet comme il l’avait fait en 2005 ; puis au fil des courses Alonso commence à douter, Bridgestone prend l’ascendant sur Michelin, l’équipe Renault F1 est dépossédée d’un système de suspensions censé avantager ses monoplaces, Schumacher enfile les victoires telles les perles sur un collier et réduit l’écart avec le pilote ibérique à 11 points au soir du Grand Prix d’Allemagne du 30 juillet.

Week-end suivant, GP de Hongrie sur les hauteurs du Danube, séance d’essais libres du vendredi : les drapeaux jaunes sont agités (en raison d’une monoplace immobilisée sur la piste) et Fernando Alonso lancé à plein régime dans son tour rapide est gêné par Robert Doornbos, mécontent d’avoir été ralenti, le natif d’Oviedo donne un coup de volant en direction de la RedBull Ferrari, le double et le freine dans le virage suivant, des manoeuvres qui ne sont pas passées inaperçues : à la fin de la séance le pilote espagnol écope d’une lourde pénalité en vue de la course de dimanche : 2 secondes de pénalité sur son temps de qualification de référence du samedi, la première pour avoir doublé sous drapeau jaune, une autre pour conduite dangereuse, autant dire que la victoire lui sera interdite le dimanche, la sévère sanction infligée au pilote Renault, candidat au titre mondial crée la polémique dans le paddock dans la soirée de vendredi.

Le lendemain, durant les derniers essais libres avant les qualifications, le moteur de la Honda de Button explose et le drapeau rouge est rapidement brandi, malgré tout 3 pilotes sont surpris pour avoir dépassé sous drapeau rouge : en premier lieu Robert Kubica, jeune rookie qui fait son baptême du feu ce week-end et les deux suivants ne sont autres que l’inséparable paire Alonso-Schumi, les 3 intéressés sont entendus par les commissaires, résultat des courses : Schumacher sera pénalisé non pas d’une mais de deux secondes sur son temps de qualification et les deux autres seront purement et simplement blanchis, drôle de coincidence, les commissaires hongrois et la FIA auraient t-ils voulu réequiliber le scénario du GP de Hongrie : Fernando et Michael en fond de grille ?

La faute de Schumacher est évidente et ce n’est pas le septuple de champion du monde qu’il est qui ne connait pas la signification des drapeaux avec près de 250 week-ends de course au compteur mais au nom de quoi il se retrouve seul puni dans cet incident et de surcroit se voit infliger une sanction aléatoire qui est la même dont son rival pour la couronne mondiale avait écopé la veille pour des fautes plus graves ? Visière baisée, la mort dans l’âme, Schumacher s’élance pour la séance de qualifications tant attendue et pulvérise le record du tour du Hungaroring en reléguant son second et fidèle lieutenant Felipe Massa à une seconde pleine, sanction appliquée, il s’élancera du 11ème rang et laisse Fernando derrière lui à 4 places. Schumacher lancé sur 3 victoires de suite, les organisateurs et la FIA redoutaient t-ils qu’avec la sanction d’Alonso et malgré ses 11 points de retard sur le pilote ibérique, Schumi ne plie le championnat au soir du GP de Hongrie, à 5 courses de la fin ?

Pilote arrogant et fougueux mais pilote d’exception, Schumacher a été au cours de sa carrière sportive, victime à de nombreuses reprises de jugements arbitraires des hautes instances du sport automobile en apparaissant comme l’homme à abattre, la cible privilégiée car sa domination à toute épreuve a provoqué ou provoque le malaise. Après les sanctions de Monaco et du Hungaroring, on peut se demander si la FIA ne tenterait pas de décourager Schumacher et inviterait vivement le recordman de tous les temps à raccrocher son casque et laisser place à la nouvelle génération ?


Tags:  ,  ,