Samedi 6 octobre - 22h35, un véritable tsunami vient de se produire dans l'enceinte du Millenium Stadium de Cardiff : contre toute attente les All Blacks, donnés grands favoris de la compétition, viennent de s'incliner contre le XV de France (18-20), en quart de finale de la Coupe du monde de rugby. Jamais encore dans une Coupe du monde, la Nouvelle-Zélande n'avait été éliminée à ce stade de la compétition. Et pourtant chez les bookmakers outre-Manche, la France était tout sauf favorite. Pour ce quart de finale de "leur" Coupe du monde, les rugbymen français avaient été contraints de jouer au Pays de Galles, loin des leurs, loin de leur public. Pour cet événement sportif majeur organisé par la France, aller "mourir" à Cardiff en contrées lointaines, aurait été le pire des scénarios pour le XV de France.

Match de la mort

Malgré le faible nombre de supporters qui ont fait le déplacement jusqu'au Pays de Galles, on s'est mobilisé aux quatre coins de la France pour soutenir la bande à Ibanez. Annoncé comme le "match de la mort" ou de "finale avant l'heure" par les médias, cette rencontre a néanmoins bien failli être scellée dès la mi-temps quand le tableau des scores affichait 13-3 en faveur de l'équipe néozélandaise. Au terme d'une formidable remontée intervenue tout au long de la seconde mi-temps, l'équipe de Bernard Laporte est parvenue à inverser la vapeur et peut-être ainsi écrire une des plus belles pages de l'histoire du rugby français. Au coup de sifflet final, Raphaël Ibanez et ses coéquipiers étaient unanimement animés par le sentiment de délivrance. Dans les rues de l'hexagone, cette nuit du 4 octobre, où on fêtait aussi la nuit blanche, rappelait curieusement un certain 12 juillet 1998.

Défaite historique des Blacks

A 20.000 km de Cardiff, la Nouvelle-Zélande (pays de 4 millions d'habitants) se réveillait avec la gueule de bois, tant le choc qu'ils venaient d'encaisser était immense. En effet, c'est la première fois dans l'histoire de la Coupe du monde que les All Blacks ne sont pas parvenus à se qualifier pour une demi-finale. Affrontant ce quart de finale avec le statut d'équipe archi-favorite, les Blacks ont pêché par excès de confiance et d'arrogance face au jeune prodige Beauxis ou à la fusée Michalak. Mais au delà de la performance sportive, il faut voir dans cette victoire du XV de France, un formidable vecteur de rassemblement de la nation française : hommes et femmes, jeunes et moins jeunes rassemblés autour d'écrans géants en plein air, dans les bars ou encore à domicile entre amis ou en famille (14 millions devant TF1). Hormis les inconditionnels du rugby français, bon nombre de supporters du XV de France sont de parfaits novices, et ne comprennent pas toujours comment on joue au ballon ovale. Peu leur importe, car ce sport collectif qu'est le rugby permet de rassembler, fédérer et faire vibrer tout un pays. C'est ainsi qu'on peut se demander que si la France venait à s'inviter en finale le 20 octobre à St Denis, le rugby pourrait-il devenir ce nouveau sport populaire en France ? Abstraction faite de toutes ces projections, n'oublions jamais que le XV de France a seulement remporté un quart de finale et que son prochain adversaire l'Angleterre, l'ennemi héréditaire, n'est autre que le champion du monde en titre, excusez du peu...

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