Le 29 mars prochain, sur la grille de départ du Grand Prix d’Australie, premier rendez-vous du championnat 2009 de Formule 1, il y’aura trois intrus. Trois intrus qui ont tous deux points en commun. Ils font partie de ces pilotes qui ont disputé plus de 200 courses dans leur carrière et qui n’ont jamais été sacrés champion du monde, ni même en bonne posture pour le devenir. Et pourtant ils sont toujours en activité. Sur le podium de ces conducteurs vétérans, le Brésilien Rubens Barrichello occupe la plus haute marche, avec pas moins de 271 participations en Grand Prix. En seconde position, on retrouve l’Italien Giancarlo Fisichella (212), chassé de très près par son compatriote Jarno Trulli (202). Et quand on oppose ces trois coureurs qui ont la trentaine bien sonnée, à la génération des Sebastian Vettel ou des Robert Kubica, ils font presque figure de « papys de la Formule 1 », des pré-retraités qui ont bien du mal à raccrocher leur casque.

Vaincre ou partir

Alors qu’est ce qui les fait encore vraiment courir : l’argent ? La passion de la course ? Ou l’espoir de briller peut-être un jour ? Pour ces trois pilotes, la dernière hypothèse semble à exclure, car même s’ils s’étaient découverts en cours de carrière une révélation soudaine, celle-ci serait tout de même intervenue avant que le compteur des 200 Grands Prix soit atteint. Au cours des dernières années, tous les pilotes qui sont devenus champion du monde, n’ont pas coiffé la couronne mondiale avec la même précocité que Jacques Villeneuve, Fernando Alonso, ou encore plus récemment Lewis Hamilton. On peut citer ici l’exemple du double champion du monde Finlandais Mika Häkkinen qui après avoir été un pilote moyen depuis le début de sa carrière, a du attendre sa 96ème course pour soulever le trophée du vainqueur, puis ensuite gagner le championnat du monde en 1998 et 1999.

Coéquipiers écrasants

Mais lorsqu’on entend dire Rubens Barrichello qu’il espère encore devenir champion du monde à l’approche de sa 16ème année de compétition, on se dit qu’il doit sûrement plaisanter. Car très franchement, s’il devait accomplir quelque chose par le passé, il l’aurait déjà fait durant les saisons qu’il a passé chez la Scuderia Ferrari, quand il avait entre ses mains le volant de la machine à gagner. Sauf qu’à cette époque là, son coéquipier ne fût autre que le septuple champion du monde allemand Michael Schumacher, qui a littéralement terrassé le Brésilien, tout en bénéficiant du plein soutien de son écurie. Pour sa part, Giancarlo Fisichella a été lui aussi frappé par le syndrome du coéquipier écrasant, quand il fit équipe chez Renault avec le bouillonnant Espagnol Fernando Alonso. Quant à Jarno Trulli, malgré son talent, il n’a jamais véritablement eu la voiture qui lui aurait permis de jouer les premiers rôles.

Tourner la page

Appréciés des directeurs d’écuries pour leur longue expérience, ces pilotes n’ont malheureusement jamais rien gagné de significatif, exceptés quelques podiums arrachés dans des circonstances heureuses. Souvent appuyés par des sponsors qui représentent pour leurs écuries respectives de véritables poules aux œufs d’or, ces pilotes ne contribuent pas à rendre la compétition plus palpitante pour le public. Tout au long de l’histoire de la Formule 1, ce phénomène de « pilotes papys » a été une constante ; ceci à tel point qu'en 1957 le champion Argentin Juan Manuel Fangio, a remporté son cinquième et dernier titre à l'âge avancé de 46 ans, bien qu'il s'agisse d'une époque totalement différente. A sa création dans les années 1950, la F1 accueillait jusqu’à 34 monoplaces sur la grille de départ, mais à une époque où cette dernière se limite à 20 voitures seulement, les doyens du plateau ont-ils encore leur place ? Comme dans chaque compétition, il faut savoir à un moment tourner la page, les spectateurs veulent connaître de nouveaux champions. Laissons leur chance à de jeunes loups qui n’attendent qu’à décrocher leur premier volant dans la compétition reine du sport automobile, plutôt que de reconduire de saison en saison les contrats juteux de vieux renards fatigués.

Tags: