A l'heure où Nicolas Sarkozy vient d'être investi candidat officiel de l'UMP pour la présidentielle, 63% des français lui vantent les qualités d'un chef d'Etat, pour sa part le vieux renard de la politique qu'est Jacques Chirac, semble se diriger inlassablement vers la fin de son règne, dont le bilan n'est guère conforté par les sondages. En effet 81% des électeurs sont contre un troisième mandat du président sortant, 81% c'est légèrement moins que le taux de suffrage que Chirac avait obtenu au second tour de l'élection présidentielle de 2002 pour les raisons que l'on connait.

Le pouvoir politique ça use c'est indéniable mais en mai prochain celui qui aura tenu les rènes de la France durant 12 années, risque de quitter le pouvoir très affaibli car avec un taux de satisfaction qui oscille actuellement autour de 20% et en baisse constante depuis 2003, Chirac ne parviendra pas à se hisser au niveau de son prédécesseur François Mitterrand qui tira sa révérence politique avec 35% d'opinions positives.
Impopulaire ou pas, la présidence de Jacques Chirac a en quelque sorte déjà pris fin au soir du 29 mai 2005, lors du cinglant échec au référendum sur la Constitution européenne, où son électrocardiogramme politique ne semblait plus répondre. A cette date Jacques Chirac a semblé perdre toute influence dans le jeu politique, de plus cette triste date rimait avec le dixième anniversaire de son arrivée à l'Elysée, 10 ans c'est trop, 10 ans c'est long, 10 ans ça use ; son accident cardio-vasculaire survenu trois mois plus tard n'aura que contribué à fragiliser son image. La fin de l'année 2005 et 2006 n'auront été qu'une autre page noire de sa présidence avec les conséquences de la crise de banlieues et des mouvements anti-CPE où l'on a reproché au locataire de l'Elysée d'avoir adopté une attitude bien trop timide.

Dès lors on est amenés à se demander, quels aspects positifs faudra t-il retenir de 12 ans de Chiraquie ? Ses projets de campagne de 1995 sur le plan de la politique nationale ont été rapidement freinés par sa dissolution ratée de l'Assemblée Nationale en 1997 et la cohabitation forcée avec les socialistes ; lors de sa réelection en 2002 basée sur 3 promesses principales : la cause des handycapés, la lutte contre contre le cancer et répression contre la violence routière, on peut noter que de réels progrès ont été accomplis mais ceci grâce à une équipe ministérielle novatrice et dynamique. Dans ses actifs, il faut aussi signaler la constitutionnalisation d'une Charte de l'environnement.
Mais sur l'ensemble de ses deux mandats, Chirac aura été bien plus remarqué à l'étranger que dans l'hexagone, notamment lorsqu'il s'est imposé comme le leader du camp des pacifistes lors de la crise irakienne de 2003. Chirac c'est également cette voix forte lors des grands sommets internationaux ou lors des rencontres européennes où il est parfois le porte parole de la sagesse européenne. C'est notamment en fond de crise sur la question irakiene où l'Europe fût largement divisé que Chirac reprocha aux futurs pays adhérents en 2004 portés par le sentiment américain, d'avoir "manqué une bonne occasion de se taire".

Enfin, sur le plan de la personnalité politique, Chirac aura incarné l'image de l'animal politique mais également celle du président "sympa" et séducteur, avide de grands discours, de bains de foule et de poignées de mains bien franches, bon diplomate et parfois aussi bon comédien, Chirac fêtera cette année 40 ans de combat politique, il est temps maitenant de laisser place à la jeune génération Monsieur Chirac. D'ici là, même si le président Chirac n'a pas toujours eu des grands talents de prédiction en politique, le mois de mars prochain sera marqué par la sortie de son livre "La Nouvelle Orléans et son port en 1954", largement inspiré de sa thèse de géographie à Sciences Po où il prédisait déjà dans les années 1950 le risque d'une catastrophe naturelle de l'envergure du cyclone Katrina, qui a frappé les Etats-Unis en 2005, parole d'homme politique, qui l'aurait cru ?